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Les enseignants et le HPI chez certains de leurs élèves

Les enseignants se demandent peut-être si une génération spontanée de « surdoués » n’est pas apparue ces dernières années, dans certaines catégories sociales et pas dans d’autres… Certains parents semblent se manifester en effet assez facilement au moindre signe d’ennui de leur enfant ou dès qu’il enchaîne trois excellentes notes en orthographe…
Cependant, et plus sérieusement, le « haut potentiel », comme d’autres particularités cognitives, est une réalité qu’on ne peut plus ignorer. Cette « nouvelle » différence à gérer ne devrait pas être, en revanche, perçue comme une difficulté supplémentaire. Tous les enseignants « savent faire ». Un minimum d’information sur le sujet, un brin d’humour, de bienveillance et de justice sont autant d’atouts dans leurs manches pour relever les défis que proposent ces élèves un peu particuliers.

Sur les 13 millions d’élèves et apprentis en France, on évalue à environ 300 000 le nombre d’élèves « HPI » scolarisés en France1, tous milieux sociaux confondus, soit en moyenne un à deux élèves par classe. On ne peut donc pas parler de rareté. Bien évidemment, tous ne sont pas repérés.

 On évalue à environ 2,3% de la population ceux ayant un Quotient Intellectuel Total (QIT) d’au moins 130, soit près de 300 000 élèves sur les 12 865 700 élèves français. Si on considère un QIT de 125, le nombre d’élèves concernés passe à près de 650 000.

Leur cerveau fonctionne différemment en termes de vitesse de traitement de l’information, de liens, de mémoire…. Les enfants « précoces » se sentent souvent en décalage : leurs centres d’intérêt sont souvent inhabituels comparés à ceux des autres enfants de leur âge et de ce fait, il est compliqué pour eux de les partager. Ils n’agissent pas et ne répondent pas comme les autres.


Le processus de compréhension et d’apprentissage est également particulier. En comprenant leur fonctionnement, on peut adopter une posture qui permettra de mieux appréhender leurs besoins éducatifs spécifiques pour les prendre en charge en cas de difficulté.

Si une partie de ces enfants peut s’avérer être de brillants élèves, beaucoup d’entre eux suivent une scolarité sans histoire. D’autres, en revanche, rencontrent des difficultés comportementales (ennui, agitation, contestation de tel ou tel aspect de l’enseignement, opposition…) et/ou d’apprentissage (problèmes de graphisme, incapacité à expliquer une réponse pourtant juste, manque de méthode…) pouvant les mener à une scolarisation difficile (pour eux comme pour l’enseignant), voire à l’échec scolaire et/ou la déscolarisation.

Précisons que les chiffres circulant sur Internet concernant le pourcentage d’élèves « surdoués » en échec scolaire sont difficilement vérifiables. En effet, il n’y a pas, en France, de statistiques officielles sur la « précocité intellectuelle ». Les psychologues les estiment à environ un tiers des enfants et adolescents reçus en consultation, donc des élèves rencontrant déjà des soucis liés à leur spécificité.

Avoir la réponse à un problème sans pouvoir la justifier, avoir du mal avec les implicites scolaires, éprouver de la lassitude envers les tâches répétitives, ne plus écouter après une deuxième répétition, rejeter fréquemment l’écriture manuelle, contester tel ou tel aspect de l’enseignement parce que ça ne fait pas sens pour eux, se mettre en opposition… Ces caractéristiques, que l’on rencontre régulièrement chez ces élèves, sont souvent mal perçues par certains enseignants ne connaissant pas – ou mal – le profil.

De la difficulté avec les implicites scolaires...DIFFICULTÉS AVEC LES IMPLICITES SCOLAIRES

D’abord parce que les enfants concernés ont un processus de compréhension différent, ils ont donc des besoins d’apprentissage particuliers. Comprendre leur fonctionnement atypique permet de les aider individuellement, et en le canalisant, de faire de leur différence une force pour la classe plutôt qu’un problème.
Il est fondamental de ne pas laisser l’incompréhension s’installer entre certains de ces enfants et l’École. Décrochage, harcèlement, mauvaise orientation, phobie scolaire et déscolarisation ne constituent pas la majorité des cas, mais c’est une réalité qu’il convient de ne pas ignorer.

Ensuite, parce qu’on ne grandit pas bien si on ne sait pas qui l’on est. Les enfants dits à « haut potentiel intellectuel » se sentent différents très tôt et doivent comprendre pourquoi, afin de ne pas imaginer d’autres raisons (folie, maladie…)

Les garçons, généralement « bruyants » et « agités » quand ils vont mal, passent fréquemment moins inaperçus que les filles, lesquelles ont tendance à se sur-adapter à leur environnement scolaire et à ce qu’elles pensent qui est attendu d’elles.

Le saut de classe s’impose comme une évidence lorsqu’un élève montre des signes patents d’avance scolaire sur ses camarades, que sa « précocité » soit avérée ou non.

Il peut aussi représenter un levier déterminant dans des cas a priori moins flagrants, où l’enfant « HPI » manifeste son mal-être scolaire de manière peu orthodoxe. Certains (majoritairement les garçons) s’agitent particulièrement, d’autres se fondent dans la masse et ne s’épanouissent pas, voire régressent. On voit par exemple en maternelle des enfants, dont le vocabulaire riche étonnait à leur entrée à l’école, se sur-adapter et se mettre à « parler bébé », par mimétisme, alors qu’ils ne l’avaient jamais fait auparavant.

Les réticences habituelles s’articulent autour de deux axes :

– Un décalage de maturité avec des camarades plus âgés.
Il faut d’abord garder à l’esprit qu’un tel enfant fréquente souvent déjà des plus âgés que lui. Quant à la maturité, c’est une donnée assez relative et souvent confondue avec la sensibilité : par exemple, le questionnement autour de la mort intervient généralement à « l’âge de raison », c’est à dire vers 7 ans chez la plupart des enfants. Chez les « HPI », c’est souvent beaucoup plus tôt.

– L’inquiétude qu’un enfant « sautant une classe » ne soit pas au niveau scolaire de ses nouveaux camarades. S’il y a évidemment des connaissances qu’il n’a pas apprises, il est en mesure de les acquérir rapidement. Ensuite parce que la stimulation intellectuelle induite peut agir comme un moteur, et accessoirement canaliser l’énergie débordante des plus agités, ou encourager la parole chez les plus inhibés.

Le saut de classe est une requête fréquente des parents lorsque la « précocité » d’un enfant est détectée, que celui-ci rencontre des difficultés ou pas. Il convient d’intégrer la part d’inquiétude bien compréhensible qui suit l’annonce d’une différence chez son enfant. Cette demande, si elle ne va pas toujours de soi, est toutefois légitime tant la question se pose dans un certain nombre de cas, et doit être accompagnée. Elle ne vise absolument pas à « court-circuiter » l’enseignant, même s’il est exact que quelques parents ont parfois un rapport de « consommateur » vis à vis de l’École. Mais chaque situation doit être examinée au cas par cas, et une décision doit être prise collégialement en équipe éducative, autour de l’enfant et pour son bien être à l’école.

En maternelle et primaire, il est fréquent de rencontrer des classes à double niveau.
Un enfant « HPI » retient facilement et rapidement ce qu’il écoute en classe. Un élève de CE2 dans une classe CE2/CM1 est, par exemple, amené à suivre ce que font ses camarades de CM1. Alors dans le cas d’une précocité supposée, il est peut-être préférable que l’enfant soit dans le niveau supérieur afin d’éviter les redites et l’ennui l’année suivante. En revanche, si la précocité est avérée, il peut-être intéressant de l’intégrer dans le niveau inférieur et de le faire « glisser » en cours d’année dans le niveau supérieur, opérant ainsi un saut de classe « doux ».

La « précocité » peut un temps les compenser (principalement les « dys »), mais à l’inverse, ces derniers masquent souvent le « haut potentiel ». Or, quand celui-ci est découvert tardivement après le diagnostic des troubles, l’estime de soi de l’élève est déjà bien entamée.

L’enfant vit alors une double injustice : il a les caractéristiques et les compétences intellectuelles du « haut potentiel» qu’il ne peut ni révéler ni exploiter au mieux, et qu’on lui dénie du fait de la présence de ces troubles.

Prendre contact avec la ou le psychologue de l’Éducation nationale de votre école, et/ou le maître E du Réseau d’Aide (RASED) si vous supposez un trouble « DYS ».

En parler aux parents : peut-être le savent-ils ou s’en doutent-ils, mais n’ont pas communiqué l’information aux enseignants.

Si difficulté, possibilité de prendre contact avec  le référent « précocité » normalement présent dans chaque département, ou bien l’inspecteur de l’Éducation Nationale A.S.H., en charge de la scolarisation des enfants dits à « haut potentiel intellectuel » et/ou le médecin de l’Inspection Académique.

Documentation sur le HPI pour les enseignants

Livres sur la précocité intellectuelle à destination des personnels de l'éducation nationale