Ce qu’on ne veut pas savoir de soi-même finit par arriver de l’extérieur comme un destin.
Carl Gustave Jung
Psychiatre - BâleQui donc souffre ? Celui qui ne se connaît pas.
Swami Prajnanpad
Guru - CalcuttaIl ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir.
Jean Jaurès
Député - CastresLes recherches sur le Haut Potentiel Intellectuel (« HPI ») ont réalisé des progrès significatifs ces trente dernières années, sous l’impulsion d’éminents spécialistes et par les avancées des neurosciences… Il y a cependant un écart encore important entre les connaissances acquises et leur application « sur le terrain », en premier lieu dans le milieu scolaire.
Quelques expériences pédagogiques adaptées existent, principalement dans des écoles privées, souvent « hors contrat » avec l’Éducation nationale. Loin de couvrir tout le territoire et de répondre à l’ensemble des besoins, elles ont surtout l’inconvénient d’être payantes, donc inaccessibles pour la plupart des foyers français, alors même que « la précocité intellectuelle » touche absolument tous les milieux sociaux.
L’École publique, elle, affiche toujours un certain retard. Depuis le « rapport Delaubier » en 2002, le sujet est pourtant pris au sérieux par le Ministère de l’Éducation nationale : plusieurs circulaires ministérielles se sont succédées depuis – le portail Eduscol aidant à leur application auprès des enseignants – jusqu’à la récente parution d’un Vademecum sur le sujet.
Certaines académies se sont saisies du problème et travaillent à la fois à la formation des enseignants et à une meilleure intégration des élèves. En Indre-et-Loire par exemple, l’Inspection Académique suit la scolarisation des enfants « HPI ». Elle disposait, par le passé, d’un groupe de travail autour de la précocité, composé des différents acteurs de l’Éducation Nationale (enseignants, chefs d’établissements, psychologues, médecins, infirmières…), à qui l’on doit notamment le dispositif d’Accompagnement en Co-Éducation (ApCo).
Malgré tout, les missions de l’École se multiplient et la charge de travail des enseignants augmente. Espérer un plan massif et global dans un contexte social (et budgétaire) compliqué, pour répondre à des besoins concernant « seulement » 2,8% des élèves, semble illusoire.
Mais derrière la froideur des chiffres et des statistiques, il y a la réalité d’êtres humains : plus de 360 000 enfants et adolescents scolarisés1. S’ils ne nécessitent pas tous le même suivi scolaire, la plupart ont besoin d’une attention particulière, a minima pour découvrir, comprendre et canaliser ce fonctionnement particulier. On grandit mieux en sachant qui l’on est. Combien d’adultes non repérés peinent à vivre harmonieusement avec une différence qu’ils ne connaissent ni n’expliquent ?
Le rôle des enseignants, véritables avant-gardes de notre société, nous apparaît alors d’autant plus essentiel que l’école publique gratuite représente la seule chance sérieuse de détection pour bon nombre de familles, car il existe une réelle inégalité dans l’accès à ce type d’information. Il faut aussi lutter contre l’idée reçue qui voudrait qu’une famille modeste ne peut pas abriter « un surdoué ». Enfin et surtout, combien de foyers peuvent assumer financièrement un test de QI chez un psychologue libéral ? En somme, l’École est un vecteur d’égalité et de justice, afin que ne soient pas favorisés uniquement les « favorisés ».
Notre souhait est que les deux documents que nous avons conçus (l’un pour les enseignants, l’autre à destination des parents) et ce site puissent aider à combattre les préjugés, à mieux faire connaître le « haut potentiel intellectuel » et enfin à en favoriser la détection le plus tôt possible. Pour les enfants, avec les parents, avec l’École et avec les enseignants.
1 Plus de 770 000 si on considère le nombre d’élèves ayant un QI d’au moins 125 au lieu de 130.